Désire recontrer une alliée (pv Rosale) [Terminer]

(Hj; Je suis vraiment désolée, je n'ai pas su me connecter pendant deux semaines. J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre!!)

Rosale ne put s'empêcher de laisser paraître sa surprise lorsque le chevalier éclata de rire. Un rire qui, comme elle le nota facilement, n'avait rien de moqueur ou de désagréable. Sentant cela, la jeune femme ne dit rien et attendit qu'il se calme. Elle n'eut d'ailleurs pas à attendre longtemps avant qu'Arbagon ne se décide à s'expliquer.

Ses premiers mots eurent pour effet de détendre la tension qui régnait jusque là dans l'air. Rosale avait horreur d'être jugée et testée, et l'arrivée d'un chevalier de rang égal lui avait donné le sentiment oppressant que ça allait être le cas.
Un sourire calme apparut sur ses lèvres tandis qu'elle écoutait attentivement les propos du grand homme en armure.
Quand il eut fini, Rosale regarda la martre puis prit la parole.

"Vous avez bien fait de venir. Puisque nous pouvons discuter librement, je trouve normal de reconnaître que moi aussi je sens la menace grandir. Et si cela peut vous rassurer, sachez que je ne suis pas non plus effrayée. Je crains plutôt pour la sécurité et le bien-être des habitants des royaumes. Malheureusement, les morts n'échappent pas aux guerres."

Le regard de la jeune chef s'assombrit doucement, mais elle conserva son petit sourire. Si elle avait eu peur de combattre ou même de mourir, jamais elle n'aurait pu devenir chevalier.

"Pour répondre à votre dernière question... Je pense que les villages de Dorad sont peuplé de gens vaillants. Et même s'ils n'aiment guère combattre, je suis sûre qu'ils feront de leur mieux pour préserver la paix. Quant aux plus puissants, nul doute qu'ils se joindront à la guerre. Du moins, est-ce mon point de vue. Les hommes sont courageux."

A bien y réfléchir, peut-être certains nobles tenteraient-ils d'éviter la guerre. Des personnes qui n'avaient jamais réellement combattu pensaient toujours possible l'organisation d'un traité de paix.

"Mais soyez franc, vous-même, vous n'êtes pas inquiet?"

Rosale ne pouvait pas croire que le chevalier soit si confiant. Il semblait plus avoir peur des réactions des autres que des siennes.

[Pas grave, je suis patient. L'important, c'est que tu soit revenue.]

Il l'écouta et n'eu pas vraiment de réaction quand elle lui demanda s'il était inquiet. Oui, il l'était, tout humain le serai et il ne tentait pas de le cacher. Il soupira un peu, il était las de tout ça et rien n'avait encore commencé.

" Effectivement, je le suis, tout le monde l'es ou le sera. J'ai peur de perdre des gens à qui je tiens, autant sur le champ de bataille, que dans les villages. Malheureusement, les sentiments n'ont pas place dans la guerre. J'ai peur que cette fois, il réussisse, que nous faisions une erreur, que les gens ne soient pas prêts. Mais ce qui est sûre, c'est que je n'ai pas peur de lui et je mourrais sans la ressentir en me battant contre lui ou ses suivants. "

Il avait pas mal tout dit, il avait peur de perdre des êtres chère et que les habitants des villages ne soit pas prêt. Peut-être ce seigneur tenterait-il de les diviser, on ne disait pas : " Diviser pour mieux régner ", pour rien. Tant de choses étaient en jeu. Elle semblait confiante quand aux gens de Dorad, c'était déjà un bon début. Il analysa la situation de Phallam, avec un certain effort, elle serait capable de résister aussi. Elle avait un certain sourire, il pouvait très bien comprendre. Il retira lentement son casque, la regardant directement.

" Encore des morts et de la souffrance, pourquoi maintenant, il n'aurait pas pu attendre encore quelques siècles ou ne pas revenir. "

Il avait dit ça plus pour lui que pour elle. Enfin, il ne pouvait plus reculer au poste qu'il avait accepté, il mènerait les chevaliers face aux ennemis. Face à la lumière ou leur mort? C'était la question qui le préoccupait et qui hantait ses nuits.

" Comment faire pour conduire nos frères et nos soeurs d'arme dans cette guerre. Je ne peux me résoudre à les envoyer à leur mort ainsi. "

Au fond de lui, il savait que c'était une des raisons qui l'avait poussé à venir. Il avait besoin de quelqu'un pour le conseiller, mais quelqu'un qui pouvait le comprendre.

[ ]

La première impression que Rosale avait eu du chevalier, c'est-à-dire du doute, se transformait à présent en une compréhension naturelle. Cela faisait assez peu de temps qu'elle connaissait les dures obligations des chefs d'ordres, mais elle en savait suffisamment pour comprendre les inquiétudes de son homologue masculin.
Elle-même ne se sentait pas prête pour une guerre, mais elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger son royaume.
Les paroles d'Arbagon plaisaient à Rosale. C'était comme si elle partageait ses pensées avec quelqu'un qui les extériorisait.

"En fait, j'éprouve les mêmes incertitudes que vous. Je crois sincèrement que nous ne sommes pas prêts pour une nouvelle guerre, mais je crois également qu'avec du courage et beaucoup d'espoir, nous pourrons en sortir vainqueurs."

La jeune femme garda pour elle le reste de ses pensées. A entendre les paroles du chevalier, celui-ci n'était pas confiant quant à l'issue de la guerre. Et c'est par complaisance que Rosale ne dévoila pas qu'elle aussi craignait de faire une erreur. Elle n'ajouta pas non plus que les visions qu'elle avait ces derniers temps ne présageait rien de bon. Et ça, c'était déjà à peine si elle osait se l'avouer.

Rosale avait fini par se dire qu'Arbagon n'avait pas l'intention d'enlever son casque et qu'il ne le ferait pas. C'est grâce à Levin qu'elle avait décidé de ne pas s'en formaliser. C'est pourquoi elle eut un geste surpris en s'apercevant qu'il l'enlevait doucement. Aussitôt, le regard de glace de la jeune femme se planta dans celui de son interlocuteur. Le visage d'Arbagon était dur et semblait refléter le poids d'une douleur et d'une souffrance enfouies sous la carapace qu'il s'était faite.

"Si ça n'avait pas été maintenant, ça aurait été plus tard. Et ce sont les enfants de nos enfants qui seraient peut-être à notre place. On ne peut changer ces choses-là. Elles doivent s'accomplir, même si on répugne à s'en charger."

Ces mots étaient emprunts de sagesse, mais Rosale n'était pas toujours d'accord avec eux. Comme le chevalier, elle aurait préféré qu'Il ne revienne jamais. D'un autre côté, c'était rêver que d'espérer un monde paisible et sans guerre. Et si ça avait été le cas, l'Ordre de la Justice ou celui de la Forêt ne seraient plus bon qu'à châsser les voleurs et les brigands.
Et puis, il ajouta une phrase.

"Ce n'est pas à vous de conduire nos frères ainsi que nos soeurs d'armes au combat. Chaque chef a ses limites. Si vous pouviez déjà mener avec espoir et vaillance chaque soldat à votre service, cela relèverait de l'exploit. Qui donc n'a jamais éprouvé de la peur à l'idée de perdre un proche ou même peut-être un vieil ennemi à l'issue d'un combat? Vous avez un coeur, Arbagon, comme chaque homme et chaque femme prêt à protéger sa patrie jusqu'à la mort."

Rosale était restée droite et silencieuse tandis qu'elle observait le chevalier tourmenté. Elle préférait garder le silence pendant que le puissant homme tournait en rond, pensant qu'il préférait sans doute ne pas recevoir de commentaire de la part d'une femme qu'il ne connaissait que depuis à peine dix minutes. Il finit par se calmer. Il était flagrant qu'il contenait une rage et une consternation fébriles au fond de lui, et qu'il faisait de son mieux pour que Rosale ne les voient pas.

Comment faire le choix pour les autres?
Effectivement, c'était ça, l'éternelle question. Et à celle-ci, la jeune femme n'avait aucune réponse bien tournée. Elle s'était toujours dit que faire des choix déjà ne serait-ce que pour elle était une tâche ardue, alors commencer à décider de ceux des autres... Mais en temps que chef d'ordre, elle aussi était confrontée à ce problème.
Elle adopta une voix plus douce pour lui répondre.

"On ne peut jamais savoir si nos décisions se révéleront bonnes ou mauvaises. Les chevaliers qui servent sous nos ordres en sont parfaitement conscients, j'en suis certaine. Tout comme moi, vous avez été un simple chevalier. A ce moment, qu'auriez-vous choisi?"

Rosale, elle, aurait suivi son chef jusqu'au bout. Simplement parce qu'un chevalier sait ce qui l'attend, tout comme il sait que la mort peut venir au prochain tournant.

"Il se peut que nous menions nos frères à la mort. Mais n'oubliez pas qu'ils ne sont pas loin de notre niveau. Chacun est apte à combattre dans ces circonstances, c'est pourquoi ils ont été choisis.
Quant à moi, je suis prête à l'affronter, si l'occasion se présente. Ma plus grande douleur sera la perte des nôtres, mais mon ardeur n'en sera que redoublée. Plus vite nous en finirons, moins nous en souffrirons."

Rosale terminait sa phrase quand elle se rendit compte que le chevalier tremblait légèrement. Ne sachant pas s'il s'agissait de colère ou d'impatience, elle avança lentement vers lui. Elle jeta un coup d'oeil à la martre toujours perchée sur son épaule, puis posa une main pâle sur l'épaule d'Arbagon. Avec pareille armure, il était possible qu'il ne sente même pas le contact, mais Rosale avait agi dans l'espoir de l'apaiser.

"Ne soyez pas si incertain. Se poser trop de questions n'est pas une bonne chose."