Arrivée nocturne

Cela faisait de très longues heures qu'elle chevauchait, mais Rosale n'était pas fatiguée. Depuis qu'elle avait entendu les nouvelles de Phallam, elle s'était empressée de prendre la route de ce royaume. Il y avait déjà un moment que la jeune femme avait fait la rencontre du chef des chevaliers de l'Ordre de la Justice. Etant du genre à toujours tenir parole, Rosale avait fait route vers Yule et avait rencontré ses chevaliers. Ca avait été une très bonne chose.
Mais à son retour, elle avait apprit l'arrivée de Cedrich Ténédor et d'annonces étranges placardées dans tout le royaume concernant une certaine compagnie indépendante de Chipa. Bien entendu, la jeune femme n'y avait absolument rien compris, mais elle avait également appris la capture d'un ancien chevalier des Ténèbres. Là aussi, Rosale n'avait pas compris grand chose.

Evidemment, maintenant qu'elle apprenait à prendre contact avec les autres royaumes, il lui avait semblé impossible de ne pas se renseigner davantage. Et la nouvelle concernant les Ténèbres la forçait en quelque sorte à se déplacer. Comme Arbagon Naïmphras le lui avait fait remarqué, une menace approchait.

Il était déjà très tard, dans les alentours de minuit, lorsqu'elle atteignit enfin le village. Son cheval avait le pas lourd. Il avait galopé pendant un bon moment, et maintenant que sa cavalière le laissait aller au pas, il semblait dodeliner de la tête comme s'il risquait de s'endormir d'un instant à l'autre.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient, la jeune femme remarquait les affiches de la milice. Mais pourquoi ne faisait-on jamais part de pareilles nouveautés à Dorad? Avec un soupir agacé, Rosale promena son regard perçant sur les rues sombres. Liven était enfoui bien au chaud dans le creux de son cou, et il eut un petit ronflement bienheureux. Celui-là, on pouvait bien dire qu'il se la coulait douce!

Finalement, elle atteignit une auberge à l'apparence supportable. Rosale dirigea son cheval vers l'avant du bâtiment puis en descendit lestement. La martre endormie se réveilla immédiatement en poussant un gémissement ennuyé. La porte de l'auberge s'ouvrit et laissa passer la lumière venant de l'intérieur.
Rapidement, la jeune chef de l'Ordre de la Forêt confia son cheval au vieil homme venu à cet effet, et elle entra dans la bâtisse.

L'atmosphère était loin d'être joyeuse, mais c'est aussi qu'il y avait peu de monde. Trois hommes assis dans un coin, une femme au bar essuyant un verre avec un torchon sale, et un ivrogne endormi sur sa table. L'air détendu et tranquille, Rosale avisa une table proche de la porte et s'y installa, prenant soin de se mettre dans l'ombre. Avant de chercher les informations dont elle avait besoin, elle devait manger et trouver une chambre. La serveuse arriva bien à son aise et prit sa commande. Puis elle disparut et la jeune femme se retrouva seule avec Liven, caché dans sa tunique.

Invité

C'est dans le courant de l'après midi qu'une rencontre inatendu entre Cedrich et deux de ses bonnes connaissances ce fit. Des amis d'enfances qui s'étaient perdu de vu pendant quelques années, suite à la tournure différente qu'avaient prises leurs vies. À l'époque, les enseignements quotidient avec son père l'avaient mis un peu à l'écart du petit groupe de sorte qu'ils ne se voyaient qu'à l'occasion, ensuite ce fut son entrainement militaire qui gâcha un peu plus cette relation.
Les années avaient passés, puis leurs fréquentations reprirent là où elle avait été délaissé. Évidemment, cette amitiée ne serait plus comme autrefois, alors qu'il n'étaient que de jeunes insouciant ne pensant qu'à s'amuser et à commettre quelques mauvais coups.
Barthélémy, un artisant de renom; Les cheveux bruns, maigrichons avec un air bien sympathique. Il est et a toujours été le plus bout en train du groupe.
Puis Alek, un forgerons; l'extrême opposé de Barthélémy! Un grand gaillard un peu rustre et bourru qui manquait parfois de manière, mais qui n'est pas bien méchant.

Ils avaient pensés continuer leurs conversations à l'auberge, autour de quelques bonnes bières. Mais cette soiré à l'improviste s'était éternisé alors que la nuit s'entâmait doucement. La jeune femme derrière le comptoir passait de temps à autre débarasser la table pour venir reporter de nouvelle commande. Bien qu'ils exigeaient beaucoup d'elle, surtout ce cher Alek, ils étaient resté tous ce qu'il y avait de plus courtois. D'un coté, leurs présence devait sans doute la rassurer, surtout suite aux dernières annonces plutôt inquiétantes.
Cedrich était habillé simplement et avait abandonné l'armure pour la soirée. Il ne portait, en fait, que ses bracelets de plate, son épée longue accroché à ca ceinture, ainsis qu'une chemise blanche lassé au col et une tunique sans manche bleu foncé. Il était habillé simplement, mais le résultat restait étonnament élégant. Le guerrier avait posé sa cape en laine sur le dossié de son siège. Il faisait bien assez chaud à l'intérieur pour ne pas la laissé sur ses épaules, d'autant plus qu'ils étaient là depuis un certain temps.

Les conversations y étaient toutes passés et pourtant les trois hommes semblait toujours avoir quelques chose à raconter. L'ancien militaire avait d'ailleurs parler de ses projets à court terme et de cette fameuse milice qu'il comptait monté prochainement. Bien évidemment, il ne comptait pas sur ses deux amis pour se joindre à lui sachant très bien qu'ils ne pouvaient pas abandonner leurs activité pour quelques aventures - Bien qu'ils n'auraient pas dit non si ce n'aurait été de toutes ses responsabilités -.
L'auberge leur appartenait; il n'y avait que cet ivrogne qui c'était assoupie et eux trois. Du moins jusqu'à ce qu'une jeune femme fasse son apparition de manière inattendu.
Rare était les clients se présentant à cette heure tardive; d'autant plus que l'auberge ne semblait pas très fréquenté ce soir. Cette nouvelle venue avait calmé un peu les trois homme qui avait baissé un peu le ton de leurs conversations. Seul Barthélémy avait osé faire un commentaire sur la guerrière, la complimentant d'une manière plutôt cru, mais toujours sur un ton d'humour.
Quelques minutes plus tard, le dit Barthélémy ce leva de son siège avec dépis.

- Bien, il ce fait tard et ma femme risque de ne pas apprécié de me voir arrivé aux petites heures du matin...

Alek ne tarda pas à faire de même, accompagnant son cher ami dans sa route vers son domicile. Cedrich salua ses deux amis d'un geste de la main, la soiré arrivant brusquement à son terme. Une fois les deux homme parti, le jeune Ténédor se leva à son tour, jettant un regard à l'étrangère, pour ensuite dire quelques mots à voix basse, à la serveuse qui revenait tout juste des cuisines.
Lorsqu'il eu terminé, le guerrier s'approcha de la table de l'ivrogne et le reveilla sans trop de manière. Il l'agrippa par le bras, avec force, pour l'insiter à ce lever. Une fois fait, le jeune Ténédor "traina" l'homme à l'extérieur lui indiquant qu'il était temps pour lui de rentrer chez lui.
Cedrich referma finallement la porte de l'établissement, soupirant au passage. Un coup de fatigue l'avait subitement envahis, mais il n'avait aucune envie d'aller dormir. Il se demandait même si il y parviendrait et ce, malgrés son épuisement soudain.

Deux choses que l'on apprenait rapidement et en priorité à tout chevalier, c'était l'observation et l'analyse. Au fil de l'apprentissage, ces deux capacités devenaient habituelles et naturelles.
En entrant dans l'auberge, Rosale avait donc choisi la table la plus discrète et avait calmement observé les trois camarades. Visiblement, l'auberge était bien tenue et ses clients paraissaient convenables.
L'homme qu'elle distinguait le mieux, c'était celui aux cheveux bruns et d'apparence plutôt maigrichonne. Son visage sympathique laissait penser qu'il n'avait rien d'un rustre venu pour trouver la bagarre. Le deuxième était plus costaud et était bâti plus comme un forgeron que comme un simple villageois. De lui aussi se dégageait une impression de simplicité assez joviale.
Le troisième, lui, avait les cheveux blonds foncés coupés courts. Aux yeux de la jeune femme, celui-là semblait avoir vécu plus de choses que ses deux compères; cela se voyait sur son visage. Lui-aussi était solidement bâti, mais il paraissait être soldat plutôt que forgeron.
Bref, les trois personnages étaient différents en tout point mais au final, cela donnait un assortiment très agréable.

A son arrivée, ils n'avaient pas vraiment cherché à savoir qui elle était. Seul le commentaire un peu cru de l'homme aux cheveux bruns l'avait accueillie. D'ailleurs, ça n'était pas plus mal. La preuve était que s'ils étaient de vulgaires ivrognes, ils auraient tout de suite sauté sur une jeune femme apparemment seule. Mais pour cela, il aurait aussi fallu qu'ils ne remarquent pas le fourreau attaché discrètement sur sa hanche.
Finalement, elle cessa de s'intéresser à eux pour jeter un regard au bonhomme endormi. Une chose était certaine, ce n'était pas lui qui viendrait la déranger.

La serveuse était finalement revenue avec une assiette qui contenait quelques pommes de terre et un morceau de viande peu assaisonné.
L'animal caché dans sa tunique gesticula quand il sentit l'odeur sèche mais néanmoins appétissante de la nourriture. Rosale lui donna une petite tape pour le calmer et Liven lui rendit un petit coup de dent. Ce genre de gestes était destiné à réprimer les ardeurs de la martre, mais il n'y avait absolument aucune animosité entre l'animal et la jeune femme.
Rosale mangea vite et commanda un verre d'eau pour faire passer le tout.
Un moment passa avant que la voix d'un des trois hommes ne s'élève plus fort qu'avant.

"- Bien, il ce fait tard et ma femme risque de ne pas apprécié de me voir arrivé aux petites heures du matin..."

Rosale l'observa tandis qu'il sortait, rapidement suivi par son ami qu'elle estimait à juste titre comme étant forgeron. Restait le jeune homme blond et celui qui dormait toujours.
La chevalière réprima une expression de surprise en constatant que le soldat entrepenait de faire déguerpir l'ivrogne. Et ce, sans faire preuve de la moindre tendresse. Il y eut un petit marmonnement de consternation mais bien vite, le soldat avait refermé la porte et restait maintenant là, poussant un soupir de ce qui devait être de la fatigue.
C'est en lisant cet épuisement que Rosale se rendit compte de l'heure qu'il était.
Désormais, il n'y avait plus qu'eux deux. La servante avait à nouveau disparu derrière le comptoir. La jeune femme se tourna vers l'homme et eut l'impression que si elle ne lui disait pas d'aller se coucher, il continuerait à rester là. Elle se râcla la gorge, pour éviter de se casser la voix en parlant, puis se détacha légèrement de son coin plongé dans l'ombre.

"Ne pensez-vous pas qu'il serait sage d'allez-vous reposer, si je ne suis pas trop indiscrète? Vous me semblez tracassé."

Invité

Immobile devant la vieille porte de l'auberge, Cedrich baissa la tête, le regard figé sur le sol qui aurait bien besoin d'un coup de balais. Il s'accordait un petit moment de répis qui n'était pas négligeable. Il était éreinté et d'ailleurs, même son habituel attitude autoritaire et froide n'arrivaient pas à le cacher. C'était à peine si le jeune Ténédor ne sommeillait pas debout!
Ce n'est qu'une fois interpelé qu'il repris ses esprits. Relevant la tête, il chercha des yeux la personne qui c'était adressé à lui. La simple façon dont il avait été surpris par la voix de l'étrangère témoignait de la courte absence qu'il avait eu.
C'était la première fois où il rencontra le regard de la jeune femme. Jusque là, il ne c'était contenter que de lui jeter de rapide coup d'oeil, par curiosité. Fixant maintenant la chevalière, il la détailla en un moment, mais fut rapidement subjugué par la simple couleur de ses yeux. Il en fallait peu en ce moment pour déconcentrer l'ancien militaire, ce qui n'était probablement pas un très bon signe.
Se ressaisissant une fois de plus, Cedrich fini enfin par réagir aux paroles de la jeune femme. Un discret sourire apparu sur les lèvres de l'homme qui se trouvait terriblement ridicule d'agir autant au ralentis de façon si soudaine.

- Oui vous avez probablement raison, mais je craint ne pas pouvoir trouver le sommeil malgrés tout.

Sans parler qu'il devrait prendre la route jusqu'à dans sa modeste demeure, endroit où il ne désirait pas se retrouver. Certe, il pourrait toujours prendre arrangement et occuper une chambre de l'endroit, mais tout cela ne règlerais pas ce problème "d'insomnie". Le guerrier s'approcha de la jeune noble, le bruit mât de ses pas faisant échos dans la pièce. Il tira doucement la chaise de la table adjacente à celle qu'elle occupait, avant de s'y installer. Il plongea à nouveau son regard dans celui de la chevalière, reprenant aussitôt.

- Vous savez analyser les gens...Quoi qu'en y pensant bien, je crois que même cet ivrogne de tout à l'heure aurait pu le deviner.

Cette rencontre entre amis, la boisson et l'heure qu'il était avait surment jouer un rôle dans l'effondrement de son masque d'homme austère; et il semblait venir d'en prendre conscience.

- J'ai en effet plusieurs préoccupations, fini-t-il par avouer, Mais je crois qu'en ces temps-ci, un peu tout le monde se présente dans cette situation. Mes derniers jours non pourtant pas été si éprouvant, malgrés tout je semble tout aussi épuisé que si cela aurait été le cas.

Son retour à Phallam avait-il eu un si grand impact sur l'ancien militaire? À moins que ses ambitions le tourmentait plus qu'il ne l'aurait cru ou bien couvrait-il simplement un queconque virus? Quoiqu'il en soit, il n'était pas dans les intentions du jeune Ténédor de continuer cette conversation en s'appitoyant sur son sort.

- Si je puis me permettre; que faite vous par ici à une heure aussi tardive, seule qui plus est?

Cedrich ne sous-estimait pas la femme assise non loin de lui, il était simplement surpris de croisé une étrangère dans de pareilles circonstances. Disons que ce n'était pas chose "commune" pour ce cher Cedrich.

Rosale se demanda l'espace d'une seconde si l'étranger avait bien entendu qu'elle s'était adressée à lui. D'après ce qu'elle pouvait voir, le jeune homme était perdu dans ses pensées, ou plutôt était en proie à une lutte déchirée entre le sommeil et l'éveil. Il avait finalement relevé la tête et cherché d'un air surpris la personne qui venait de parler.
Il avait alors croisé le regard de la jeune femme et lui avait une nouvelle fois semblé étonné.
Les yeux bruns foncés dans lesquels était plongée Rosale étaient si profonds qu'une impression irréelle en émanait. Un sourire vint soudain plisser légèrement les coins des yeux de l'homme, et celui-ci finit par réagir au commentaire de la jeune femme.

Lorsqu'il avança vers sa table et entreprit de s'asseoir en face d'elle, la jeune chef de l'Ordre de la Forêt ne laissa paraître aucun sentiment. Seul son petit sourire venait perturber les traits pâles et grâcieux de son visage.
Elle se surprit soudain à fixer l'étranger. C'était terriblement impoli d'observer les gens de la sorte, mais les reflets roux dansant doucement dans les cheveux blonds foncés de celui-ci avaient capté son regard.
Depuis toujours, elle détestait ses cheveux d'un blond presque blanc et elle aurait vraiment apprécié avoir quelques nuances plus colorées dans sa chevelure indisciplinée. Mais elle avait fini par s'y faire.

Jusqu'à ce que le jeune homme lui pose une question, Rosale n'avait plus dit un mot. Elle s'était contentée de l'observer et d'écouter ce qu'il disait. Sa fatiguée était compréhensible, particulièrement à cette heure de la nuit, ou de la journée.
Elle laissa s'écouler quelques secondes de silence avant de lui répondre.

"Eh bien, disons que je suis en route depuis Dorad et que j'avais besoin d'un refuge pour la nuit."

Liven remua sous sa tunique mais la jeune femme ne lui prêta aucune attention. Puis, elle ajouta;

"Je me nomme Rosale Falkenheim."

Si son interlocuteur connaissait le nom de la nouvelle chef des chevaliers de Dorad, il n'avait pas besoin d'en savoir plus. Si ce n'était pas le cas...simplement il n'avait pas besoin non plus d'en savoir davantage.

"Je suppose qu'il est inutile de vous demander ce que vous faîtes ici à une heure aussi tardive."

Evidemment que cela aurait été idiot. Le jeune homme était venu boire quelques verres avec de vieux amis et était maintenant tiraillé entre dormir et ne pas rentrer chez lui.
Rosale plaisantait rarement, et quand elle le faisait, c'était toujours à peine si les gens s'en rendaient compte. Elle conserva néanmoins son sourire et plongea son regard dans celui du jeune homme. Elle attendait tout bêtement une réaction de sa part.

(Hj; Bon, je suppose que tu ne répondras pas pendant encore quelques temps. Je ne voudrais pas fermer ce sujet au cas où tu reviendrais bientôt, mais je vais le mettre en pause pour éviter d'être bloquée encore un mois.)